Wolf Vostell
Les oeuvres de Wolf Vostell, exposées au premier étage du musée, constituent un point fort de la collection privée. Elles sont organisées par sections thématiques et offrent une vue d’ensemble sur les différentes phases, thèmes et techniques présentes dans l’oeuvre de Vostell, à commencer par ses travaux initiaux, dont beaucoup sont aujourd’hui méconnus.
Né en 1932 à Leverkusen (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), Vostell est l’un des artistes les plus polyvalents des années 1960. Après un apprentissage en photolytographie, il étudie à Wuppertal et dans les Académies de Paris et Düsseldorf. Sa manière de travailler est d'abord empreinte d’un certain conventionnalisme, mais les thèmes traités reflètent déjà sa conscience politique. Le tableau « Korea Massaker » (Massacre de Corée) (1953) évoque ainsi les horreurs de la guerre : on y voit deux personnages fusionnant avec un tank. L’un d’eux ouvre la bouche pour crier. Une maison penchée en arrière-plan symbolise le déséquilibre du monde.
La manière de travailler de Vostell évolue peu de temps après vers une approche plus innovante. Il commence à expérimenter avec des collages, des « estompages » (technique inventée par l’artiste) et des vidéos. Le travail « Transmigration » (1958) est une étape clé : c’est la première fois qu’il intègre un téléviseur dans un tableau. La toile, recouverte d’éléments de collages, présente une déchirure à travers laquelle on peut apercevoir l’écran luminescent d’un téléviseur.
A partir de ce moment, les installations incluant des téléviseurs deviennent un motif récurrent de son oeuvre. La sculpture en bronze « Berlinerin » (Berlinoise) (1994), concue plus tardivement, quatre ans avant la mort de l’artiste, appartient également à cette série. Comme c’était déjà le cas avec « Transmigration », Vostell combine ici volontairement des éléments et matériaux incompatibles. D’un coté, il utilise un buste de femme classique taillé dans un bronze précieux étincelant, de l’autre il complète le corps avec un élément tiré du quotidien, une bouteille, ainsi qu’un banal téléviseur.
C’est son penchant pour l’Espagne, où il fonde le « Museo Vostell Malpartida » en 1976, qui pousse Vostell à s’interesser à l’histoire de l’art et aux productions artistiques d’époques passées. Sa peinture de Maja (1993) en est un bon exemple. L’arrière plan du tableau est occupé par « La Maja nue » de Francisco de Goya ( peinte vers 1789). Goya, qui déclina cette oeuvre en deux versions, l’une représentant une Maya habillée, l’autre une Maya dénudée, dut comparaître devant l’Inquisition pour avoir représenté un nu sans visée allégorique, mythologique ou religieuse. 200 ans plus tard, Vostell s’empare de cette représentation tendancieuse en recouvrant la composition originale de feuilles d’or, de ciment et d’encre et en y aposant sa propre Maja dessinée au stylo et à l'encre.
"ART=VIE=ART"
Wolf Vostell